Possedora de un diploma de pregrado en Escritura Creativa y Teatro obtenido en la Universidad de Laval (Ciudad de Québec) y de una maestría en Estudios Literarios de la misma universidad, Valerie Forgues escribe ficción y poesía.
Ganadora del premio Alphonse-Piché de 2009 y co-directora literario en Le Lézard amoureux, ella combina su pasión por la literatura con su trabajo en la Maison de la litérature de la ciudad de Québec. Su amor por los libros y el reconocimiento de su talento la han llevado a recorrer los lugares mas diversos del planeta participando en festivales y residencias de autor en Quebec, Líbano, México, Francia, Suiza, Camerún, Alemania, Rumania y Costa Rica.
Su ultima publicación, el libro de poesia “Jeanne Forever”, escrito en colaboración con Stéphanie Filion, fue publicado por la editorial Le lézard amoureux en 2018.
Cuirassée
(inédit)
fichée entre tes pieds et la terre
sur un chemin couleur peau
tu pourrais tomber
dans chaque trou de ver
te redresser
tu es jour tressé dans l’urgence
croisée plus intense tu te jettes
dans un espace-temps offert d’horizon
entre tes doigts de filet
mi-constellation mi-toile d’araignée
ta respiration glisse nouée
s’enroule serre fort s’étire et t’emplit
tu pressens des animaux difformes
d’une bienveillance apparentée au feu
des gueules prêtes à mordre
tu prends ton élan
arquée en ce qui palpite
tu braques tes hantises
tes automatismes ta chaleur
ton sang scorpion
malgré le lait caillé
pulse en ta fibre
cuirassée d’amour
aux heures les plus rondes
toi
creusée de terres parallèles
arrachée à tes croyances fondues
au-delà de tes paniques
yeux sous le noir
en haute voltige
cuirassée d’amour
Banjo
(Revue Le Sabord, numéro 107, 2017)
L’amour s’éreinte le féroce
la rage
réverbération des notes de banjo
de sous la porte à mon lit
d’une sensation de glace
exactement là où on se battait
cordes pincées au sang
la brûlure du whisky au fond de la gorge
j’en garde le doux
la pelure
je te prends
indifférente
ta voix revient
dans la rivière qui coule
au milieu de l’appartement
et ramène le cœur en plein centre
je suis ton ombre et celle du banjo
assis en indien
tous nus
on effleure le nerf
du bout des doigts
la guerre la poignée d’une porte à refermer
je ferai taire l’instrument
même s’il faut l’éventrer
nous reluirons en rêve
en carton-pâte
cordes et peau tendues
esquintés
je t’échappe
comme on laisse tomber ses clés
la grâce s’éreinte l’amour
la tempête
toi qui pleures
le banjo a pris le bord
notre guerre en bruit de fond
réveille-moi
quand tu rentreras